Les initiatives de codes-barres 2D se multiplient en France ces derniers mois, alors qu'un conflit sur la nature ouverte ou propriétaire du format divise les acteurs. Un projet initié par les opérateurs mobiles est pointé du doigt.
Data Matrix, QR Code, EzCode, autant de formats de code à barres 2D qui sont utilisés de par le monde. Mais quel format choisir pour le marché français de la téléphonie mobile ? Un choix technique compliqué au vu de la multiplicité d'acteurs impliqués sur le sujet.
Les opérateurs de téléphonie mobile se retrouvent au centre du débat, après avoir signé un accord avec l'AFMM (Association française du multimédia mobile) pour développer un système de codes à barres 2D sur un format propriétaire, nommé Flashcode, et directement inspiré de la norme ouverte Data Matrix. Un format propriétaire qui, pour l'heure, n'a pas été normalisé et qui se destine à un usage de presse (insertion de tags dans des magazines).
Car si les formats ouverts permettent d'encoder directement une URL, les Flashcodes ont été élaborés pour contenir une suite de chiffres qui, décodée avec un logiciel de lecture adéquat, permet la connexion sur un serveur distant qui contient l'adresse ou le message texte en question.
Le logiciel de reconnaissance des Flashcodes, qui sera intégré à l'ensemble des mobiles proposés par les opérateurs à l'achat d'un abonnement, ne pourra pas reconnaître les autres formats de code à barres 2D, comme le Data Matrix, étant bridé pour ne reconnaître que les tags Flashcodes.
C'est donc l'exemple parfait d'un système propriétaire qui se met en place alors que les normes ouvertes ont fait leurs preuves, au Japon notamment avec le QR Code.
e fait, les nombreux logiciels de lecture de codes à barres ouverts comme Kaywa ou Semacode ne pourront pas fonctionner avec des Flashcodes, et des éditeurs de tags ouverts comme le Data Matrix ne pourront pas être utilisés par les utilisateurs de téléphones mobiles en France.
Cette volonté de créer un système fermé est la raison pour laquelle le Geste (Groupement des éditeurs de service en ligne) a cessé de collaborer avec l'AFMM sur ce dossier. Il travaille désormais avec l'association GS1 France, qui a mis en place un service de vérification du code à barres Data Matrix, réalisé selon la norme internationale Iso 15415. Une norme technique, qui porte sur la qualité de lecture et non sur la plate-forme technique de connexion proposée par l'AFMM, plate-forme qui devrait garantir l'unicité des codes à barres utilisés.
"Il est vrai que la question de la garantie de l'unicité de code est un aspect très important vis-à-vis des clients potentiels de ce type de système", explique Christophe Marquet, qui travaille pour le Geste sur ce sujet. "Mais il est nécessaire qu'une norme ouverte soit choisie et qu'un organisme de normalisation en tant que tel définisse des standards. Imaginons qu'un jour des tags aient comme fonction de contenir un code d'appel des pompiers ou de la police par exemple. Il faut dans ce cas que la normalisation dépasse le simple cadre commercial proposé jusqu'à présent ".
GS1 France se propose de travailler sur la question de la plate-forme de connexion et de "mettre à disposition gratuitement cette plate-forme pour quiconque souhaite proposer un contenu mobile à partir d'un code article produit de grande consommation", comme l'indique un document de travail de l'association.
Quelques initiatives, tant basées sur des codes à barres propriétaires que des codes ouverts, fleurissent ces derniers temps, démontrant la vitalité de cette technologie en France. Le Wall Street Institute, une école privée de langues, mène une campagne d'affichage dans le métro parisien en utilisant un code à barres Data Matrix, avec le concours de l'agence Nexence. MTV de son côté propose d'utiliser la norme Ez Code pour une opération promotionnelle, soit un code propriétaire. Les promoteurs du Flashcode quant à eux viennent de réaliser une jolie opération en proposant leurs tags dans l'annuaire professionnel "Les pages jaunes".
Les mois qui viennent devraient permettre d'y voir plus clair dans cette guerre des formats, guerre qui pour l'heure nuit à une adoption par les utilisateurs d'une technique qui fonctionne avec bonheur depuis plus de 10 ans au Japon
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